Saint Calixte Ier

Pape (16 ème) de 217 à 222 - Martyr

14 OCTOBRE

Calixte naît vers 155 d'une famille d'esclaves d'origine grecque qui habitait le quartier du Transtévère (Trastevere) à Rome. Calixte (kalistos = le plus beau) devint chrétien au début de sa vie d'adulte. Il fut d'abord au service d'un haut fonctionnaire de l'empereur Commode, nommé Carpophore, chrétien lui-même, qui le chargea d'administrer ses biens. En relation d'affaires avec quelques juifs de Rome, il fit de mauvaises opérations, s'affola, prit la fuite, fut finalement rattrapé et enfermé dans un cachot. Son maître, qui l'estimait, le fit relâcher, pensant qu'il parviendrait à récupérer l'argent perdu. Il était sur le point d'aboutir quand il pénétra un jour de sabbat dans la synagogue, perturba l'office qui s'y célébrait et se fit mettre rudement à la porte par les participants qui le livrèrent au préfet Tuscianus en le dénonçant comme chrétien.
Il fut condamné aux mines de soufre de Sardaigne pour avoir troublé une réunion juive, et parce que chrétien. Il travailla donc durant 3 ans à l'extraction du minerai en Sardaigne et là, côtoya de nombreux martyrs chrétiens, relégués au bagne comme lui : il se montra auprès d'eux d'un dévouement admirable.
Libéré et affranchi vers 190, il passa quelques années à Antium (Anzio) au sud-est de Rome. Zéphyrin, dès son élection comme pape en 199, l'appela à ses côtés, le faisant son secrétaire personnel et l'archidiacre de la ville : il le rendit responsable de la direction du clergé et de la création du premier cimetière chrétien qu'il fit creuser dans le tuf sur la Via Appia : cimetière qui porte aujourd'hui son nom « Catacombe de Saint-Calixte ».

A la mort de Zéphyrin, en 217, Calixte est élu pape. Il le demeura 5 ans 2 mois et 10 jours. Son court pontificat fut des plus difficiles, marqué par l'opposition d'un prêtre de Rome, Hippolyte, brillant mais excessif. Calixte défendit contre lui et quelques autres la foi trinitaire et fit prévaloir l'usage d'absoudre tous les péchés, y compris ceux que les rigoristes, tel Tertullien, considéraient comme impardonnables : l'idolâtrie, l'adultère et le meurtre. Il reconnut comme valide le mariage entre esclaves et femmes libres (non admis comme légal par le droit romain) et accepta le remariage des veufs ainsi que leur entrée éventuelle dans le clergé. Politique d'indulgence générale qui lui valut beaucoup de critiques : face à ses opposants, il resta ferme et donna sans se lasser l'image du bon pasteur.

Il est à remarquer qu'envers l'État, il ne montra aucune servilité. Apprenant qu'un chrétien venait d'être exécuté sur ordre de l'empereur Alexandre-Sévère et jeté dans le Tibre, Calixte se cacha sur les rives du fleuve et avec l'aide de quelques pêcheurs et membres du clergé, le retira des eaux, célébrant solennellement ses funérailles dans sa catacombe de la Via Appia.

Il mourut le 14 Octobre 222 dans son quartier du Transtévère, victime d'une émeute dirigée contre les chrétiens. Jeté du haut d'une fenêtre dans un puits, recouvert de décombres, il en fut retiré par un prêtre une quinzaine de jours après : on l'enterra sur la Via Aurélia dans le cimetière de Calépode non loin de là. Il laissait l'Église en pleine prospérité, organisée corporativement et dotée d'une école de théologie.

Dès le début du 4° siècle, il était déclaré martyr et l'un des rares à avoir son anniversaire. Ses reliques se trouvent sous le maître-autel de la basilique Sainte Marie du Transtévère : elle fut construite sur l'emplacement du modeste oratoire consacré à Marie qu'il avait fait édifier dans sa maison : Ier lieu de culte connu érigé à la mémoire de la mère du Christ dans la Ville éternelle.

Source principale : Père J. Saldumbide († 2015 à 92 ans), curé de l’Église St Calixte à Marseille (« Rév. x gpm »).

 

Saint Calixte, ancien « escroc » devenu pape miséricordieux

 

C'est l’histoire étonnante du pape Calixte 1er. Fondateur des premières catacombes de Rome, il est devenu saint martyr malgré son passé tumultueux. Nous le fêtons ce 14 octobre.

Les catacombes de Saint-Calixte sont les premières et les plus grandes de Rome. Traversées par une vingtaine de galeries à plusieurs niveaux, courant sous quinze hectares de terrain, y sont enterrés plus de 500 000 chrétiens dont des dizaines de martyrs et seize papes. Situées sur la Via Appia Antica, celles-ci doivent leur nom au pape Calixte 1er. Pourquoi ? Parce qu’encore diacre, le pape Zéphyrin l’avait préposé à l’administration de ce qui allait devenir le premier cimetière officiel de l’Eglise de Rome, au IIIème siècle.

Mais comment de forçat purgeant une peine dans les mines de Sardaigne pour extorsion de biens, Calixte s’est retrouvé à la tête du patrimoine ecclésiastique puis sur le siège de Pierre et enfin « saint martyr » ? Au début de sa vie, Calixte travaille comme esclave affranchi au service d’un haut fonctionnaire chrétien, Carpophore. Auprès de lui, il découvre l’Évangile et demande le baptême.

Un jour, Carpophore confie à son jeune protégé une grosse somme d’argent pour ouvrir une banque. Veuves et chrétiens y déposent leurs économies en toute confiance. Mais Calixte perd tout et tente de s’enfuir pour ne pas avoir à affronter la colère de son maitre. Rattrapé il est emprisonné. Calixte aggrave son cas ensuite. On l’arrête car il perturbe une cérémonie à la synagogue, un samedi. Accusé d’avoir intentionnellement cherché à empêcher leur culte, c’est surtout pour cela que le jeune homme sera envoyé au bagne en Sardaigne.

Le diacre puis le Pape

A sa libération, Calixte arrive à Rome. On finit par le pardonner. Les fidèles chrétiens estiment que Calixte n’est pas un mauvais homme contrairement aux rumeurs infamantes et méprisantes qui circulent sur son compte. Intégré peu à peu dans la communauté chrétienne, le jeune homme finit par se faire apprécier du pape Victor 1er d’abord puis de son successeur, Zéphirin. Ce dernier lui donne une position importante au sein de la communauté. Calixte devient diacre et conseiller personnel du nouvel évêque de Rome.

Ce parcours personnel influencera son bref pontificat (218-222). Soufflant sur l’Eglise un vent de miséricorde envers les pécheurs. Serait-ce parce qu’il a lui-même été pardonné ? Calixte accueille toute sorte de pécheurs. Son Eglise n’est pas la traditionnelle assemblée des saints, souligne Emanuela Prinzivalli, professeur en Histoire du Christianisme et des églises, mais une assemblée de saints et de pécheurs. « Son Eglise était une maison de miséricorde ouverte aux pécheurs, qui pouvait offrir à tous la possibilité de la réconciliation après le péché », résume l’historienne.

Entre autres dispositions prises, Calixte reconnait valide le mariage entre esclaves et femmes libres et accepte le remariage des veufs ainsi que leur entrée éventuelle dans le clergé. De plus, il fait prévaloir l’usage d’absoudre tous les péchés, et établi le jeûne des Quatre-Temps, à chaque changement de saison, pour attirer la bénédiction du ciel. Enfin, il devient – qui l’eut crû ! – un financier expérimenté qui donne à l’Église romaine une prospérité qu’elle ne connaissait pas.

Le martyre

Calixte meurt le 14 octobre 222, dans son quartier du Trastevere, victime d’une émeute dirigée contre les chrétiens. Nous sommes à l’époque des persécutions perpétrées ponctuellement contre les chrétiens depuis celles déchainées par Néron en l’An 64, et auxquelles l’arrivée de l’empereur Constantin mettra un terme dans les années 300.

Après mille brimades et supplices, on défenestre Calixte, une grosse pierre attachée au cou, puis on le jette dans un puits recouvert de décombres. Un prêtre le retire une quinzaine de jours plus tard. Mais la sédition des païens ne permet pas de transporter son corps jusqu’au cimetière de la Via Appia. Sa dépouille est finalement déposée dans le cimetière de Calépode, sur la Via Aurélia, qui donna naissance à d’autres catacombes romaines.

Les catacombes

Les catacombes de saint Calixte sont formées d’un ensemble de plusieurs cryptes dont la plus connue est la crypte des papes, découverte en 1854 par l’épigraphiste et archéologue italien Giovanni Battista De Rossi qui donna au monument funéraire le nom de « petit Vatican » en raison de la présence également de divers hauts prélats de l’Eglise. On y trouve également six salles ornées de fresques illustrant des scènes de prière, de pénitence, de baptême, dont celle du diacre Sévère contenant une écriture où l’évêque de Rome y est appelé pour la première fois « Pape » (en l’an 298).

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