Sainte Giustina

Bénédictine en Toscane (+ 1319)

12 mars

Giustina (Justine) naquit de parents très nobles à Arezzo, entre 1257 et 1260. Elle avait un caractère aimable et humble, et s’habitua vite aux pratiques chrétiennes. Souvent elle se privait de quelque nourriture et prenait plaisir à se retirer dans sa chambre pour prier.

Mais quand lui vint l’idée de parler à ses parents d’une véritable consécration à Dieu, elle essuya un refus catégorique et immédiat. C’est qu’elle était leur unique fille, comblée de richesses, et elle devait nécessairement épouser un homme de sa condition. Mais les parents se trompaient sur Celui qui devait être l’époux de leur fille. Mais une grave maladie du père fit réfléchir toute la famille sur la caducité de ce monde, et Giustina reçut la permission qu’elle demandait. Or, elle n’avait que douze ans, ce qui montre bien la maturité de cette grande âme.

Elle se présenta donc bientôt au monastère des Bénédictines de San Marco (qui n’existe plus aujourd’hui) avec pour tout bagage une image de Jésus Crucifié. A son entrée, une colombe se posa sur sa tête, signe qu’on interpréta déjà comme une présence particulière de l’Esprit Saint sur cette jeune vierge. Pendant quatre ans, cette novice se montra exemplaire et toujours joyeuse dans l’accomplissement des charges quotidiennes. Puis les religieuses durent quitter leur monastère, à cause des guerres locales. Giustina se retrouva donc au monastère d’Ognisanti (Tous les Saints), avec sa précieuse image du Crucifié.

Son amour de la perfection fut aiguillonné par la présence proche d’une ermite, une certaine Lucia, qui vivait recluse près du château de Civitella (exactement : Civitella della Chiana). L’évêque lui permit de la rejoindre. Lucia la reçut avec joie, mais on imagine avec quels efforts le pauvre papa de Giustina tenta en vain d’arracher sa fille à une telle pauvreté extrême. Toutefois, cette vie d’anachorètes ne dura que peu de temps, car Lucia tomba malade et mourut.

Giustina continua sa vie solitaire de prière et de pénitence. Elle eut visiblement des grâces particulières, lorsqu’un ange vint plusieurs fois la protéger des loups. Mais cette vie extrêmement rude commença bientôt à lui causer quelques problèmes aux yeux, ce qui fit qu’elle passa les vingt dernières années de sa vie complètement aveugle. Elle dut revenir au monastère, où les Consœurs furent très heureuses de retrouver parmi elles cette âme d’élite. Mais de nouveau le monastère fut menacé par les soldats et l’évêque le transféra en lieu sûr. C’était en 1315.

Giustina avait une dévotion particulière pour la Passion du Christ. Bien que malade, elle se serrait les flancs avec les cilices, elle se flagellait. Elle reçut plusieurs fois des extases, même en présence des Sœurs. Elle ne manquait jamais de donner une parole de réconfort chaque fois qu’elle le pouvait. A sa mort, en 1319, on voyait bien sur son corps les marques de la chaîne de fer qu’elle avait porté pendant des années à la taille.

Un lys poussa spontanément sur sa tombe ; avec ce lys Giotto la représenta à Florence. Dix ans après la mort, le corps était encore souple ; en 1709, lors d’une reconnaissance du corps, celui-ci apparut sans corruption. Giustina fut invoquée pour les maladies des yeux ; des possédés furent guéris près de sa tombe.

Le Saint Siège confirma le culte en 1891, et la Bienheureuse est inscrite au 12 mars au Martyrologe Romain.

NOTE : Récemment, les deux communautés bénédictines d’Arezzo (Monastère du Saint Esprit) et de Florence (Sainte Marie de la Fleur a Lapo) ont fusionné, ce qui explique que le tombeau de Giustina soit actuellement dans l’église paroissiale de la bourgade florentine, contiguë au monastère et qui fait toutefois partie du diocèse voisin de Fiesole. Ce fut un riche donateur, Lapo da Fiesole, qui hébergea le premier les religieuses, et en 1350 saint Andrea Corsini consacra le monastère sous la règle de saint Augustin d’abord ; les sœurs Augustines restèrent jusqu’en 1808, quand les ordres furent supprimés ; en 1817, après la persécution napoléonienne, ce furent les Bénédictines qui reprirent le bâtiment.