Saint Ephrem

Diacre et Docteur de l'Église
(306-374)

9 juin

Ce grand Docteur qui illustra l'Église de Syrie, naquit à Nisibe, en Mésopotamie, vers l'an 306. Ephrem fut consacré à Dieu dès son enfance. Quoique pauvre et vivant uniquement des produits de la terre, sa famille possédait l'insigne privilège de compter plusieurs martyrs dans ses rangs.

Bien qu'encore jeune, Ephrem alla trouver saint Jacques de Nisibe qui l'éleva comme un fils. Prévenu des lumières de l'Esprit-Saint, il s'ensevelit dans la solitude vers sa dix-huitième année, et établit sa demeure dans une grotte au pied d'un rocher.

Ce précoce anachorète passait ses jours et ses nuits à méditer les Saintes Écritures tout en se livrant aux plus rudes exercices de la pénitence. Il couchait sur la dure et passait des journées entières sans manger. En guise de travail, il tissait des voiles de navire au profit des pauvres. Porté à la colère, par tempérament, il dompta si bien les penchants viciés de sa nature, qu'on le surnomma: la douceur de Dieu.

Ordonné diacre par l'évêque de Nisibe, saint Ephrem fut chargé d'annoncer la parole de Dieu. Prédicateur inspiré, il parlait avec une éloquence qui subjuguait ses auditeurs. Ses discours portaient la lumière et la conviction dans les âmes des fidèles qui accouraient l'entendre prêcher.

La pensée à laquelle saint Ephrem revient sans cesse dans ses exhortations comme dans ses conversations et ses prières publiques, est celle du jugement dernier. Dans l'une de ses prédications, il engagea un dialogue avec son auditoire sur le grand Jour du Jugement. Il en fit une représentation si terrifiante par l'inquiétude des demandes et l'effrayante précision des réponses, que cette harangue est demeurée célèbre dans toute la chrétienté d'Orient.

Apôtre de la pénitence, saint Ephrem en représentait lui-même un parfait modèle pour tous. Par son exemple et ses paroles, il convertit un grand nombre d'idolâtres et d'hérétiques. Il combattit victorieusement ces derniers par des écrits d'une science magistrale.

Obligé de quitter la ville de Nisibe tombée aux mains des Perses, le saint diacre se retira à Edesse où il passa les dix dernières années de sa vie. Il résolut de s'adonner plus que jamais à la prière.

Comme son détachement du monde le portait vers la solitude, il ne voulut quitter sa retraite que pour prêcher la parole de Dieu et exercer la charité envers les pauvres et les malades. Il rédigea de volumineux commentaires sur l'Écriture Sainte, des homélies, des instructions pour les monastères, des hymnes et des poèmes. Ces nombreuses compositions dans lesquelles il chante les mystères de la religion, les gloires du Christ et de Sa Sainte Mère qu'il affectionnait particulièrement, lui ont mérité le surnom de: harpe du Saint-Esprit.

Arrivé dans une extrême vieillesse, il interrompit ses travaux pour visiter saint Basile, archevêque de Césarée. Le grand évêque conçut une profonde vénération pour saint Ephrem et voulut l'ordonner prêtre; mais le saint diacre avait le sacerdoce en une si haute estime, qu'il ne voulut jamais consentir à être revêtu de cette dignité suréminente.

De retour à Edesse, saint Ephrem s'enferma dans une cellule afin de se préparer au passage du temps à l'éternité. Sur ces entrefaites, la famine et la peste éclatèrent dans la ville. Aussitôt, l'homme de Dieu accourut pour combattre le double fléau. Il secourait nuit et jour les pauvres pestiférés et leur administrait les sacrements. La peste fut finalement vaincue après trois mois d'héroïques efforts.

En retournant dans sa cellule, saint Ephrem y emportait le germe d'une maladie mortelle. La fièvre l'accula bientôt à l'agonie et à une mort imminente. Toute la ville d'Edesse accourut pour saluer une dernière fois cet inestimable bienfaiteur de leurs âmes. Rendu au terme de son pèlerinage terrestre, saint Ephrem s'endormit du sommeil des bienheureux, le 18 juin 374.

Interprète des Livres Saints, théologien, orateur et poète sacré, saint Ephrem est assurément le plus illustre écrivain de tout l'Orient chrétien. Le pape Benoît XV l'a proclamé Docteur de l'Église universelle.

Tiré de l'Abbé Pradier, édition 1889, p. 310-312 -- F.P.B., 9e édition, 1891, p. 198 -- F.E.C. Édition 1932, p. 212-213 -- Bollandistes, Paris, 1874, tome I A, p. 278

Saint Éphrem, le poète théologien

L’héritage théologique légué par saint Éphrem est considérable : des œuvres écrites en prose ordinaire mais surtout des œuvres en prose poétique, des homélies en vers et enfin des hymnes, qui sont à l’époque un puissant outil d’évangélisation et de transmission de la doctrine chrétienne.
C’est en Orient que nous nous rendons, pendant l’expansion du christianisme des premiers siècles. Plus précisément à Nisibe dans une ville de Mésopotamie, carrefour de la Rome antique et de l’Empire perse. Ici naquit en 306 l’une des plus grandes figures de la chrétienté orientale, saint Éphrem. La légende lui donne pour père un grand prêtre des idoles qui est farouchement anti-chrétiens mais il semblerait plutôt qu’Éphrem soit né au sein d’une famille chrétienne. Il se déclarait lui-même « né dans la voie de la vérité ». Très jeune il se met au service de l’Église et se forme au côtés de Jacques évêque de Nisibe (303-338). Baptisé à l’âge de 18 ans, il est ordonné diacre le même jour. Souhaitant transmettre la doctrine chrétienne au plus grand nombre, Éphrem use de son talent de poète et compose de nombreuses hymnes. Il peut ainsi transmettre des fondements de théologie (les grands moments de la vie de Jésus, les mystères de l’Église, …) par l’intermédiaire de vers à la musicalité entraînante. Il crée une forme de catéchisme accessible à tous et surtout transmissible par tous. Avec l’évêque Jacques, il fonde également une école théologique. Suite à l’invasion des Perses en 363, il traverse la frontière et se rend à Edesse dans l’actuelle Syrie où il continue à prêcher. Il y meurt en 373 après avoir contracté la peste au contact des malades qu’il soignait. Éphrem est resté diacre (c’est-à-dire serviteur) toute sa vie, faisant vœux de célibat et de chasteté.
Saint Éphrem a écrit de nombreux ouvrages et commentaires des saintes Écritures. Mais c’est par ses poèmes qu’il marquera l’histoire. Les historiens et plus particulièrement Sozomène lui attribuent plus de trois millions de vers (toujours la légende). Initiateur du chant liturgique, ce grand mystique est appelé la harpe de l’Esprit saint ou Cithare de l’Esprit. Dans sa catéchèse du 28 novembre 2007, le très saint père Benoît XVI revient sur l’héritage immense que ce grand saint syrien nous a légué et nous exhorte à ne jamais oublier que c’est en Orient que se trouve le berceau de notre religion. Pour Benoît XVI, saint Éphrem pratique la théologie sous une forme poétique qui lui permet d’approfondir la réflexion théologique à travers des paradoxes et des images. Privilégiant les contrastes, il peut ainsi mieux souligner le mystère de Dieu.
Voici quelques vers de saint Éphrem au sujet du mystère de l’Incarnation.


« Le Seigneur vint en elle
pour se faire serviteur.
Le Verbe vint en elle
pour se taire dans son sein.
La foudre vint en elle
pour ne faire aucun bruit.
Le pasteur vint en elle
et voici l’Agneau né, qui pleure sans bruit.
Car le sein de Marie
a renversé les rôles :
Celui qui créa toutes choses
est entré en possession de celles-ci, mais pauvre.
Le Très-Haut vint en Elle (Marie),
mais il y entra humble.
La splendeur vint en elle,
mais revêtue de vêtements humbles.
Celui qui dispense toutes choses
connut la faim.
Celui qui étanche la soif de chacun
connut la soif.
Nu et dépouillé il naquit d’elle,
lui qui revêt (de beauté) toutes choses. »
(Hymne De Nativitate 11, 6-8)


Saint Éphrem est élevé au rang  de docteur de l’église par le pape Benoît XV le 5 octobre 1920. Depuis 1925, Paris accueille au 17 rue des Carmes une communauté catholique syriaque dans l’église Saint-Éphrem le Syriaque. La chapelle qui a été mise à leur disposition fut construite par l’architecte Pierre Boscry qui s’est grandement inspiré d’une œuvre du Bernin, la chiesa Sant’Andrea al Quirinale à Rome. La messe y est célébrée en araméen chaque dimanche à 11 heures.

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