Saint Thomas More

Martyr (1487-1535)

22 juin

Thomas More naît à Londres, le 7 février 1478. Son père remplissait la fonction de juge, dans la capitale. Thomas passa quelques unes de ses premières années en qualité de page, au service du cardinal Morton, alors archevêque de Cantorbéry et chancelier d'Angleterre. À l'âge de quatorze ans, il alla étudier à Oxford où il fit de sérieuses études juridiques et donna des conférences sur la Cité de Dieu, de saint Augustin.

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En 1501, Thomas More était reçu avocat et élu membre du Parlement trois ans plus tard. Après quelques années de mariage, il perdit sa femme et demeura seul avec ses quatre enfants : trois filles et un fils. Parce que ses enfants étaient encore très jeunes, et qu'il était toujours absent de chez lui, par ses affaires au tribunal et à la cour du roi, il se remaria tout de suite, avec une veuve, au grand scandale de certains. En père vigilant, il veillait à ce que Dieu restât le centre de la vie de ses enfants. Le soir, il récitait la prière avec eux ; aux repas, une de ses filles lisait un passage de l'Écriture Sainte et on discutait ensuite sur le texte en conversant gaiement. Jamais la science, ni la vertu, ne prirent un visage austère dans sa demeure ; sa piété n'en était cependant pas moins profonde. Thomas More entendait la messe tous les jours ; en plus de ses prières du matin et du soir, il récitait les psaumes quotidiennement.

Sa valeur le fit nommer Maître des Requêtes et conseiller privé du roi. En 1529, Thomas More remplaça le défunt cardinal Wolsey dans la charge de Lord chancelier. Celui qui n'avait jamais recherché les honneurs ni désiré une haute situation se trouvait placé au sommet des dignités humaines. Les succès, pas plus que les afflictions, n'eurent de prise sur sa force de caractère.

Lorsqu’Henri VIII voulut divorcer pour épouser Anne Boleyn et qu'il prétendit, devant l'opposition formelle du pape, se proclamer chef de l'Église d'Angleterre, Thomas More refusa de signer l'acte de suprématie. Dès lors, les bonnes grâces du roi se changèrent en hostilité ouverte contre lui. Le roi le renvoya sans aucune ressource, car Thomas versait au fur à mesure tous ses revenus dans le sein des pauvres. Le jour où il apprit que ses granges avaient été incendiées, il écrivit à sa femme de rendre grâces à Dieu pour cette épreuve.

Le 13 avril 1534, l'ex-chancelier fut invité à prononcer le serment qui reconnaissait Anne Boleyn comme épouse légitime et rejetait l'autorité du pape. Thomas rejeta noblement toute espèce de compromis avec sa conscience et refusa de donner son appui à l'adultère et au schisme.

Après un second refus réitéré le 17 avril, on l'emprisonna à la Tour de Londres. Il vécut dans le recueillement et la prière durant les quatorze mois de son injuste incarcération. Comme il avait fait de toute sa vie une préparation à l'éternité, la sérénité ne le quittait jamais. Il avoua bonnement : « Il me semble que Dieu fait de moi son jouet et qu'Il me berce. »

L'épreuve de la maladie s'ajouta bientôt à celle de la réclusion. Devenu semblable à un squelette, il ne cessa cependant de travailler en écrivant des traités moraux, un traité sur la Passion, et même de joyeuses satires. L'intensité de sa prière conservait sa force d'âme : « Donne-moi Ta grâce, Dieu bon, pour que je compte pour rien le monde et fixe mon esprit sur Toi. » Il disait à sa chère fille Marguerite : « Si je sens la frayeur sur le point de me vaincre, je me rappellerai comment un souffle de vent faillit faire faire naufrage à Pierre parce que sa foi avait faibli. Je ferai donc comme lui, j'appellerai le Christ à mon secours. »

On accusa Thomas More de haute trahison parce qu'il niait la suprématie spirituelle du roi. Lorsque le simulacre de jugement qui le condamnait à être décapité fut terminé, le courageux confesseur de la foi n'eut que des paroles de réconfort pour tous ceux qui pleuraient sa mort imminente et injuste. À la foule des spectateurs, il demanda de prier pour lui et de porter témoignage qu'il mourait dans la foi et pour la foi de la Sainte Église catholique. Sir Kingston, connu pour son cœur impitoyable, lui fit ses adieux en sanglotant. Il récita pieusement le Miserere au pied de l'échafaud. Il demanda de l'aide pour monter sur l'échafaud : « Pour la descente, ajouta-t-il avec humour, je m'en tirerai bien tout seul. » Il embrassa son bourreau : « Courage, mon brave, n'aie pas peur, mais comme j'ai le cou très court, attention ! Il y va de ton honneur. » Il se banda les yeux et se plaça lui-même sur la planche.

Thomas More a été béatifié le 29 décembre 1886, par Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903), et canonisé le 19 mai 1935, par Pie XI (Ambrogio Damiano Ratti, 1922-1939).



Tiré et corrigé de : Frères des Écoles Chrétiennes, Vies des Saints, Edition 1932, p. 234-235

 

Saint John Fisher

Ce 22 juin, le calendrier liturgique de la forme ordinaire du rite romain nous invite à célébrer un saint trop méconnu en France : John Fisher. Un saint très actuel dont on pourrait s'inspirer. Notamment les clercs.

Méconnu en France, il est, en revanche, depuis longtemps un véritable modèle pour les catholiques anglais qui depuis l’imposition par la force de la réforme anglicane, par Henri VIII et Élisabeth Ière, ont puisé dans son exemple la force de vivre de leur foi et d’être des parias dans leur propre pays. Du XVIe au XIXe siècle, être catholique en Angleterre était un délit. Ce n’est qu’en 1829 que fut voté l’acte d’émancipation permettant aux catholiques anglais de vivre à visage découvert. En 1850, la hiérarchie catholique fut rétablie par le Saint-Siège dans le pays, non sans prendre des précautions pour ne pas attiser les cendres d’une haine ancestrale. Comme l’expliquait un haut fonctionnaire britannique à l’occasion de la venue de Benoît XVI dans le pays en 2010 : « Être opposant à Rome fait partie de notre code génétique ». C’est pourquoi il était interdit jusqu’en 2005 à l’ambassadeur britannique auprès du Saint-Siège d’être un catholique. Il est toujours impossible à un catholique d’accéder au trône.

Et John Fisher ?

Né vers 1469 dans le Yorkshire, John Fisher fut ordonné prêtre en 1491, avec une dispense du Saint-Siège, en raison de son jeune âge. Docteur en théologie en 1501, il est élu dix jours plus tard vice-chancelier de l’Université de Cambridge. En 1504, il devient à la fois chancelier de cette université et évêque de Richester. En 1534, bien que malade, Fisher doit se rendre à Londres pour prêter le serment de fidélité au roi. Bien qu’il obtempère, il refuse de reconnaître Henry VIII comme chef suprême de l’Église d’Angleterre. Arrêté, il est emprisonné à la Tour de Londres. Le 20 mai 1535, le pape Paul III l’élève au rang de cardinal. Le 17 juin 1535, John Fisher est condamné à mort pour trahison et exécuté le 22 juin suivant. Il a la tête tranchée, son corps dénudé est exposé au public et sa tête, fixée au bout d’une pique, également. John Fisher fut le seul évêque à refuser de reconnaître Henry VIII comme chef suprême de l’Église en Angleterre, position que celui-ci s’était attribuée en raison du refus par le pape de reconnaître ses divorces et remariages.

Béatifié comme martyr de la foi par Léon XIII en 1886, John Fisher est canonisé par Pie XI en 1935. Il est célébré en même temps que Thomas More, laïc mort pour les mêmes raisons.

Que nous apprennent saint John Fisher et saint Thomas More ?

Ces deux saints pour l’éternité nous enseignent la fidélité jusqu’au bout à la doctrine de l’Église et notamment à l’indissolubilité du mariage chrétien. Bien qu’ils eussent tous reçu le même enseignement, qu’ils eussent tous reçu les mêmes sacrements et qu’ils eussent tous juré la même fidélité, saint John Fisher fut le seul évêque anglais à rester fidèle à l’intégralité de la doctrine catholique et au Pontife romain. Seul jusqu’au bout !

Source - L'Homme Nouveau