COURTE MÉDITATION AVEC ...

Saint Jean Climaque

  

Échelle du paradis

   La foi donne des ailes à la prière ; sans la foi, en effet, nous n'avons pas la force de nous envoler vers le ciel. Sommes-nous encore troublés, agités par les passions ? Supplions seulement le Seigneur ; car tous ceux qui sont enfin parvenus à " l'apatheia ", au port tranquille de l'impassibilité, n'y sont arrivés qu'en traver­sant l'océan agité des passions. Bien que le Juge ne craigne pas Dieu, puisqu'il est Dieu même, il rendra néanmoins justice, à cause des instances et des importunités dont il se voit fatigué, à l'âme devenue par son péché, veuve de sa grâce et de lui-même ; il lui rendra justice en lui accordant de triompher de son corps, son adversaire ; et des esprits mauvais, ses ennemis. Notre Dieu si bon, si indulgent, attire à son amour les âmes reconnaissantes en exauçant promptement leurs demandes ; mais les âmes qui n'ont pas plus de reconnaissance que des chiens, il les laisse intention­nellement, "avec la faim et la soif d'être exaucées, prier longtemps devant lui; car un chien sans reconnaissance n'a pas plus tôt obtenu un morceau de pain qu'il s'éloigne de son donateur.
   Ne dis pas, après avoir longtemps persévéré dans la prière, que tu n'as progressé en rien ; car tu as déjà réalisé un progrès : quel plus grand bien, en effet, que de s'attacher au Seigneur et de persévérer sans relâche dans cette union avec lui ? Un criminel est moins rempli de crainte devant sa sentence de condamnation, qu'une personne qui apporte tout son soin à la prière ne l'est, au moment de se mettre à prier. C'est pourquoi, si elle est sage et avisée, le seul souvenir de cette crainte lui fera supporter les injures, rejeter toute colère, tout souci, toute préoccupation, toute tribulation, toute intempérance, toute pensée mauvaise, et tout ce qui distrait.
   Prépare-toi, par une prière du coeur ininterrompue, à te pré­senter devant Dieu pour lui offrir tes supplications, et tu feras de rapides progrès. J'ai vu des personnes qui brillaient par leur obéissance et qui s'efforçaient, autant qu'elles le pouvaient, de ne pas perdre le souvenir de la présence de Dieu ; au moment de la prière, elles pouvaient en quelques instants recueillir leur esprit et versaient des torrents de larmes : c'est qu'elles y étaient préparés d'avance par la sainte obéissance.

 

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