COURTE MÉDITATION AVEC ...

Saint-Augustin

  

LETTRE

   J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. Quiconque demande au Seigneur cette seule chose et la cherche, la demande avec certitude et sécurité ; il ne craint pas — une fois obtenue cette seule chose sans laquelle rien n'est d'aucun avantage — que risque de lui nuire quoi que ce soit d'autre, qu'il aura reçu en temps et lieu opportuns. Cette chose unique, en effet, c'est la seule et véritable vie bienheureuse, qui consiste à contempler l'amabilité de Dieu pour toujours, en étant devenus immortels de corps et d'esprit. C'est pour cette seule chose que nous recherchons tout le reste et que nous le demandons, ainsi qu'il convient.
   Cette chose, quiconque l'aura possédée, possédera tout ce qu'il veut, et alors il ne pourra plus vouloir ni posséder quelque chose qui ne conviendrait pas.
   C'est bien là que se trouve la source de vie, dont il faut que nous ayons soif maintenant, dans la prière, aussi longtemps que nous vivons dans l'espérance et que nous ne voyons pas encore ce que nous espérons, à l'ombre des ailes, de celui devant qui est tout notre désir : savourer les festins de sa maison, nous abreuver au torrent de ses délices, parce qu'en lui est la source de vie et que par sa lumière nous verrons la lumière. Alors notre désir sera rassasié de bonheur et nous n'aurons plus rien à chercher en gémissant, puisque nous le posséderons dans la joie.
   Cependant, comme c'est là cette paix qui surpasse tout ce qu'on peut imaginer, même lorsque nous la réclamons dans la prière, nous ne savons que demander pour prier comme il faut. Ce que nous ne pouvons concevoir tel qu'il est, assurément nous ne le savons pas. Et tout ce qui se présente à notre esprit, nous le repoussons, nous le rejetons, nous le réprouvons, nous savons que ce n'est pas ce que nous cherchons, quoique nous ne sachions pas encore en quoi consiste ce que nous cherchons. Il y a donc en nous, pour ainsi dire, une savante ignorance, mais savante par l'Esprit de Dieu, qui vient au secours de notre faiblesse.


 

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