L’impatience est votre plus grand défaut ?

Voici un saint qui pourra vous aider

Saint Cyprien nous explique comment surmonter l’un
des plus grands vices de notre époque.

Je suis terriblement impatient. Quand mon film ne se charge pas assez vite, je suis persuadé que Dieu veut me punir. Idem pour une page web… Si elle ne s’affiche pas dans la seconde, je la ferme d’un clic dépité et je passe à autre chose. Or ce défaut s’étend aux relations humaines. J’ai ainsi du mal à attendre que les autres prennent une décision quand j’ai le sentiment d’avoir déjà réglé le problème dans ma tête. Comme quand je sais déjà quelle pizza commander ou bien quand je pense avoir trouvé la meilleure solution pour résoudre un conflit. Bref, je déteste attendre.

Un jour, j’ai observé mon grand-père alors qu’il démontait très méticuleusement une poignée de porte toute poussiéreuse. Il a ensuite passé environ une heure à la nettoyer avant de la remettre en état de marche. Personnellement, je l’aurais jetée tout de suite et j’en aurais racheté une autre. Mais l’approche de mon grand-père était en réalité pleine de sagesse. L’impatience est probablement le grand vice de notre époque. Nous conduisons vite, nous mangeons de la nourriture qui a été vite préparée, nous voulons que la messe passe vite. Nous jugeons les gens en un clin d’œil, nous voulons gagner de l’argent rapidement, et ceux qui nous ralentissent d’une manière ou d’une autre nous font perdre patience !

Même si de nos jours, les choses vont encore plus vite qu’avant, l’impatience en elle-même n’est pas un phénomène nouveau. J’ai de fortes raisons de penser que même si j’avais vécu il y a mille ans, j’aurais été tout aussi impatient.

Saint Cyprien, fêté le 14 septembre, avait lui aussi un problème de patience. En Afrique du Nord au IIIe siècle, celle-ci était mise à rude épreuve. Les chrétiens étaient persécutés et, d’une manière générale, il était fortement recommandé de ne pas se faire remarquer. C’est à cette époque que Cyprien devint évêque de Carthage. Il était apprécié de la population de la ville, mais fut élu contre la volonté d’autres évêques. Dans cette atmosphère de persécution et de méfiance, un important différend théologique éclata, et Cyprien tint des propos et eut des agissements qu’il regretta par la suite. Toujours est-il qu’il finit par sortir de ses gonds et refusa obstinément de changer d’avis à tel point qu’il finit par signifier publiquement son désaccord avec le pape.

Se convaincre des bienfaits de la patience

Depuis cet épisode, Cyprien incarne l’impatience par excellence. À sa décharge, il en était conscient et essayait de s’améliorer. Il s’employa d’ailleurs à écrire un ouvrage intitulé De bono patientiae traitant de la vertu de la patience, dans lequel il livre d’excellents conseils à ce sujet. Cyprien est vénéré comme martyr : nous avons donc là l’amusant exemple d’un homme connu pour son impétuosité qui finit par devenir saint. Ayant lui-même éprouvé ce sentiment, il fut à même de donner des conseils avisés pour apprendre à tempérer la fougue qui peut parfois s’emparer de nous.

En fait, le principal conseil de saint Cyprien est assez simple. Pour parvenir à devenir plus patient, il faut d’abord être convaincu des nombreux bienfaits que cela pourra nous apporter. La vie est pleine d’obstacles, et la patience est la clé qui permet de les surmonter dans le calme et la bonne humeur. Cyprien explique en quoi un travail contraignant, des problèmes de santé ou des personnes peuvent nous pousser à sortir de nos gonds. Souvent, nous réagissons au quart de tour et finissons par blesser des personnes que nous aimons ou par prendre des décisions inconsidérées que nous regrettons par la suite.

Or, de l’avis de saint Cyprien, les décisions importantes ne sauraient être prises sur un coup de tête mais méritent d’être longuement mûries. Maîtrise de soi, paix intérieure, dévouement à ceux que nous aimons, gentillesse… Pour Cyprien, c’est la patience qui est à la source de tous ces bienfaits. Avoir conscience de toutes les grâces qui découlent de la vertu de patience est d’une grande aide quand celle-ci nous apparaît comme quelque chose de difficile à atteindre. En fin de compte, les bénéfices que l’on obtient en prenant sur soi sont bien plus importants et durables que le sentiment de satisfaction instantané provoqué par une action impulsive.

Dernière chose : Cyprien nous invite à nous remémorer les moments où d’autres ont fait preuve de patience envers nous et à nous rappeler combien c’est important pour nous. Il met notamment l’accent sur la patience dont Dieu fait preuve à l’égard de nos fautes, mais nous pouvons aussi penser à d’autres personnes infiniment patientes envers nous. Essayons de l’être à notre tour. Comme le dit saint Cyprien, « soyez patients les uns avec les autres ».

Source - Aleteia

Homélie de saint Cyprien sur la patience

Notre Seigneur et notre Maître nous a donné ce commandement pour notre salut : Celui qui aura tenu bon jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé . Et aussi : Si vous demeurez dans ma parole, vous serez véritablement mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.

     Il faut tenir bon et persévérer, frères bien-aimés, pour obtenir l'espérance de la vérité et de la liberté, afin de parvenir à la vérité et à la liberté elles-mêmes. Car  le fait même que nous sommes chrétiens fonde notre foi et notre espérance. Mais, pour que l'espérance et la foi puissent porter des fruits, la patience est nécessaire. Car ce n'est pas la gloire d'ici-bas que nous recherchons, c'est la gloire future. L'Apôtre Paul nous en avertit : Nous avons été sauvés, mais c'est en espérance ; voir ce qu'on espère, ce n'est plus espérer : ce que l'on voit, comment peut-on encore l'espérer ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec patience. L'attente et la patience sont nécessaires pour l'accomplissement de ce que nous avons entrepris et pour posséder ce que nous espérons et croyons, lorsque Dieu nous en fera présent.

     Dans un autre passage, l'Apôtre donne le même enseignement aux justes qui travaillent à faire fructifier les dons divins, afin de se préparer de plus grands trésors dans le ciel. Il les exhorte ainsi à être patients : Donc, tant que nous en avons le temps, travaillons pour le bien de tous, surtout celui de nos proches dans la foi. Faisons le bien sans défaillance, car, au temps voulu, nous récolterons, si nous ne défaillons pas. L'Apôtre avertit ainsi qu'on ne doit pas renoncer à son activité par impatience, ni se laisser détourner ou dominer par les tentations qui arrêteraient à mi chemin du succès et de la gloire. Car ce qui est déjà accompli serait perdu, parce que les entreprises qui ne vont pas jusqu'au bout sont anéanties. 

     L'Apôtre, lorsqu'il a parlé de la charité, lui a joint l'endurance et la patience : La charité est magnanime, la charité est bienveillante, la charité ne jalouse pas, elle ne se vante pas, elle ne s'emporte pas, elle n'entretient pas de rancune, elle aime tout, elle croit tout, elle espère tout, elle endure tout. Il montre qu'elle est capable de persévérer obstinément, puisqu'elle sait tout endurer.

Il dit dans un autre passage: Supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l'unité dans le même Esprit en étant rassemblés dans la paix. Il montrait ainsi que les frères ne peuvent garder ni l'unité ni la paix, s'ils ne s'encouragent pas mutuellement en se supportant, et s'ils ne gardent pas le lien de la concorde au moyen de la patience."