Dieu promet en songe à Monique la conversion de son fils
En 374, à Thagaste (aujourd’hui Souk Ahras, près de l’actuelle frontière entre l’Algérie et la Tunisie), Monique, veuve de Patricius, est inconsolable. Ce n’est pas son mari qu’elle pleure mais leur fils cadet, Augustin, cause de soucis, chagrins et déceptions… Durant ses études, le jeune homme s’est éloigné de la foi catholique dans laquelle sa mère l’a élevé. Tombé sous l’influence de la secte manichéenne, le jeune homme en est devenu un chef de file et prêche cette hérésie. Lasse de l’entendre blasphémer, Monique l’a chassé de la maison familiale avec sa compagne et leur bébé. Depuis, elle vit dans l’angoisse qu’Augustin persévère dans l’erreur et se damne. Pour le sauver, elle multiplie les pénitences. Sans résultat. Pourtant, une nuit, un rêve lui promet le retour de son fils au catholicisme.
Les raisons d'y croire :
Synthèse :
Née à Thagaste vers 330 dans une famille catholique, Monique épouse cependant un païen, Patricius, homme irascible et infidèle qui ne la rend pas heureuse mais lui donne trois enfants, dont le cadet, Augustin, incarne dès sa naissance, le 13 novembre 354, tous les espoirs de sa mère – espoirs malheureusement matériels de réussite, de succès, de fortune et de riche mariage. Parce que l’usage est de ne pas baptiser jeunes les garçons – car, faute de sacrement de pénitence, ils ne pourraient être lavés des péchés commis dans leur vie adulte –, Monique ne fait pas donner le baptême à Augustin, bien qu’il l’en supplie lorsque, à douze ans, il tombe malade. Elle paiera chèrement de l’avoir ainsi privé du secours de la grâce.
Consciente des dons exceptionnels de son fils, elle réussit à lui offrir des études universitaires à Carthage mais, si cette période démontre les rares talents du jeune homme, elle le met en contact avec les disciples de Mani, un Persan à l’origine d’une secte qui enseigne une vision hérétique et blasphématoire du Christ. Plus aisée à concilier avec les prétentions philosophiques d’Augustin et son goût du plaisir, la pensée manichéenne le séduira davantage que le dépouillement des exigences évangéliques.
Consciente d’avoir, par ambition, provoqué ce désastre et mis en danger le salut éternel de son enfant, Monique va consumer ses jours en prières, pénitences et sacrifices pour sa conversion, s’attirant cette promesse d’un évêque, converti du manichéisme, auquel elle a demandé conseil : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr. »
C’est finalement après être parti pour l’Italie en quête de réussite mondaine et d’un moyen d’échapper à cette mère aimante mais abusive qu’Augustin, nommé rhéteur à la cour impériale de Milan, y fait la connaissance de l’évêque Ambroise, qui le conduit au baptême en 387. Venue rejoindre son fils, toujours désireuse d’assurer sa fortune en ce monde autant que sa félicité dans l’autre, Monique, en quête d’une riche épouse pour Augustin, a la cruauté de renvoyer en Afrique la jeune femme qui partage sa vie depuis des années et lui a donné un fils, Adeodat. Augustin lui en voudra beaucoup, mais cette rupture forcée le libère de ses passions charnelles et le pousse à une conversion totale, absolue. Il se consacre désormais à Dieu seul.
Obligés de faire halte à Ostie dans l’attente d’un navire pour l’Afrique, à la fin de l’été 387, Augustin et Monique y connaissent une expérience mystique, « l’extase d’Ostie », qui les enlève ensemble sous l’impulsion du Saint-Esprit jusqu’à une vision intellectuelle qui leur donne à tous deux un semblable avant-goût de la béatitude en Dieu. Après cela, rien ne pouvant retenir Monique, exaucée au-delà de ses désirs les plus fous, en ce monde, elle s’éteint début novembre. Elle vient, en enfantant une seconde fois son fils à la vie de la grâce, de donner à l’Église l’une de ses plus éblouissantes lumières et de ses plus grands saints.
Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.
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